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Saphir naturel ou chauffé : exemple du Padparadscha

Le chauffage des saphirs de couleur 

J’ai été déçue d’apprendre par un négociant en partance vers le Sri Lanka que les saphirs de couleur rose-orangé ou orangé-rose les plus recherchés, appelés Padparadscha, étaient chauffés “la plupart du temps”. Un léger traitement thermique effectué sur place dans le but de doper la couleur est donc pratique courante pour répondre à la demande d’un marché en forte hausse des pierres de couleur. Ces saphirs chauffés à basse température 1300°degrés dans des fours traditionnels  sont enterrés ensuite dans du sable pour un lent refroidissement.

Cette couleur particulière évoquant le coucher du soleil, est recherchée pour sa rareté dans la famille des corindons qui balaye tout le spectre lumineux du visible; par convention la pierre de teinte principale rouge est appelée rubis, celle en bleu, saphir, et pour toutes les autres couleurs, on précise la couleur dominante puis secondaire éventuellement (saphir incolore, jaune-oranger, rose, vert …).

Exception pour le Padparadscha (signifiant fleur de lotus) qui marie les deux teintes, avec une dominante orange ou rose, dont l’appellation commerciale est issue de l’histoire du peuple Tamouls magnifiquement raconté dans le dernier roman de Jacques David “Padparadscha”, publié en 2017 aux éditions jets d’encre.

Pierre naturelle ou traitée ?

Le Décret n°2002-65 du 14 janvier 2002 relatif au commerce des pierres gemmes et des perles en France a clairement posé la distinction entre des “pratiques lapidaires traditionnelles” telles “qu’un traitement thermique, sous réserve que les éventuels résidus de chauffage en surface ne provoquent pas de rupture de réflexion visible à la loupe de grossissement 10 fois”.

Alors que d’un autre côté, les pierres qui ont subi “traitements par irradiation, par laser, par colorant, par diffusion en surface, par emplissage, éventuellement à titre de résidu d’un traitement thermique, de matières étrangères incolores solidifiées dans les cavités extérieures qui présentent des ruptures de réflexion visibles à la loupe de grossissement 10 fois, ou par toute autre méthode de laboratoire modifiant leur apparence, leur couleur ou leur pureté” doivent porter la mention “traitées”.

Pas facile de faire la distinction entre les deux ! Selon les températures, le chauffage est considéré dans certains cas comme un traitement thermique “traditionnel” et dans d’autres cas, ils peut modifier la couleur et/ou les inclusions contenues dans la pierre “traitée”.

En clair, soit la pierre est naturelle, sans chauffage, soit elle a subi un léger chauffage “traditionnel”, soit elle a été traitée par un chauffage à 1600° combinés à d’autres éléments chimiques dans le but de modifier la couleur et de la rendre pure.

Le prix

Considérant que les écarts de prix sont importants pour les pierres naturelles, non chauffées et non traitées, pouvant atteindre jusqu’à 13 000 €/carat dans le cas Padparadscha,  la question de la technique du chauffage est importante à connaître.

Pierre de synthèse ou imitation ?

Participant à un groupe de réflexion avec d’autres Experts non spécialisés en gemmologie, je me suis rendue compte de la confusion possible entre les deux cas de figure.

Avant tout, il est primordial de connaitre la dénomination de l’espèce minérale qui est différente parfois de sa désignation commerciale : le terme “saphir d’eau” utilisé dans le milieu de la lithothérapie me parait inapproprié ; c’est en réalité une espèce appelée cordiérite ou iolite qui présente un phénomène optique appelé le trichroïsme (3 couleurs distinctes visibles selon l’orientation de la pierre par rapport à son axe optique) et qui n’a rien à voir avec le saphir (famille des corindons) qui ne présente qu’un pléochroïsme (2 couleurs).

Les saphirs de synthèses: plusieurs procédés

Ensuite, sur le marché des bijoux, abondent les saphirs de synthèse qui ont subi, en plus, un traitement sur leur couleur ou pureté afin de brouiller toute identification des méthodes utilisées.

Ces saphirs synthétiques sont donc des pierres produites en laboratoire à partir “schématiquement” des mêmes éléments chimiques; certaines inclusions caractéristiques sont visibles à la loupe (procédé Verneuil mis au point dès la fin du XIXème siècle) ce qui peut être source de confusion lors de la vente car il s’agit bien d’un “saphir” auquel il faut ajouter “de synthèse” selon la législation française ; l’homme a produit un saphir possédant les mêmes caractéristiques principales de la pierre: sa dureté, densité par exemple mais en laboratoire.

Au final, très peu de différence à l’oeil nu me direz-vous.

Le cas d’une pierre d’imitation

En revanche, les pierres d’imitation sont des pierres naturelles ou traitées dans le but de les confondre avec l’original … vous me suivez toujours ? Exemple, on pourrait monter une pierre en verre rouge taille émeraude sertie de diamants, vendue comme imitant un rubis. Le verre n’est pas une pierre de synthèse, c’est un autre matériau qui imite la couleur du rubis.

Conclusion

La couleur reste un facteur primordial dans le calcul du prix, mais elle n’est pas le critère exclusif; la qualité de la taille avec le respect des proportions, notamment entre la culasse, la table, les facettes, la pureté, les zones de couleur, le polissage, tous ces critères entrent en considération pour des gemmes rares.

De mon point de vue, les inclusions naturelles caractéristiques du corindon, visibles à la loupe, restent la meilleure preuve des traces de la croissance naturelle de la cristallisation et sont source de la preuve parfois de l’origine du gisement. Birmanie, Sri Lanka sont les origines les plus recherchés, d’autres gisements, Australie et Madagascar produisent de beaux saphirs de couleur.

L’appréciation des nuances de couleur peut varier d’une région à l’autre selon les goûts et les aspects symboliques culturels.

Pour apprécier, apprenons à regarder les détails à la loupe !